Mise à jour : février 2019 

 

Thèse Aurélie Van Dijk (soutenue le 15 février)

Résumé

L’assertivité caractérise une personne qui possède des capacités sociales lui permettant de s’affirmer en se respectant et en respectant les autres. Cette compétence est importante dans la vie personnelle et professionnelle pour cultiver des relations interpersonnelles qualitatives sur le court, moyen et long terme. Cependant, tout individu ne possède pas les capacités sociales lui permettant de se comporter avec assertivité. Les individus non assertifs adoptent soit des comportements de soumission (i.e. tendance naturelle à se soumettre aux autres plutôt qu’à s’affirmer ou à diriger) soit des comportements de dominance (i.e. tendance à influencer les autres et à chercher à prendre le pouvoir sur eux). La qualité des relations avec autrui des individus non assertifs peut s’en trouver altérée. Malgré cela, les comportements non-assertifs perdurent dans le temps. Comment ces comportements se maintiennent-ils et pouvons-nous les corriger durablement ?
Pour répondre à ces questions, le présent travail comprend deux volets : un volet expérimental destiné à étudier le fonctionnement cognitif des individus en fonction de l’assertivité et un volet clinique élaboré pour tester l’effet de techniques thérapeutiques cognitives et comportementales qui corrigeraient le manque d’assertivité. Dans le premier volet, nous avons étudié les performances perceptives, attentionnelles et mnésiques des sujets en fonction de leur assertivité et de l’assertivité des stimuli présentés. Pour cela, nous avons respectivement enregistré l’activité électrique cérébrale des sujets par électroencéphalographie, étudié leurs mouvements des yeux par oculométrie et mesuré leurs performances à une tâche de mémoire sociale. Nos résultats révèlent que la dominance sociale est traitée en priorité (dès 100ms après la présentation du stimulus) et qu’elle influence notre réponse comportementale car les sujets fixent plus fréquemment les visages de dominance (en comparaison aux stimuli de soumission) s’ils sont présentés pendant une courte durée (750ms) puis ils les évitent si la présentation se prolonge (20 secondes). Dans le second volet, nous avons analysé l’effet d’une nouvelle technique thérapeutique (la technique du Positionnement Grégaire ou PG) comparativement à une technique existante (la méthode d’affirmation de soi des Thérapies Cognitives et Comportementales) dont les effets sur les comportements assertifs ont déjà été mis en évidence. Nos résultats révèlent que l’entrainement à l’adoption d’un comportement assertif selon la méthode d’affirmation de soi ou selon la technique du PG conduit à une augmentation des comportements assertifs et à une diminution des comportements de soumission, du niveau d’anxiété et du niveau de dépression.

Mots clés
assertivité, soumission, dominance, perception sociale, mémoire, attention, potentiels évoqués, oculométrie, méthode d’affirmation de soi, positionnement grégaire (PG), anxiété, dépression

Abstract

Assertiveness characterizes a person who possesses social skills that enable him to assert by respecting himself and respecting others. These skills are important in personal and professional domains to cultivate short, medium and long term high-quality interpersonal relationships. However, any people don’t have the needed social skills to behave assertively. Non-assertive individuals adopt either submissive behaviors (i.e. a natural tendency to submit to others rather than assert or lead others) or dominance behaviors (i.e. tending to influence others and seeking to gain power over them). Non-assertive individuals’ relationships quality may be concerned. Moreover, non-assertive behaviors can persist over time. How do these behaviors remain and how can we change them sustainably?
To answer these questions, the current work is divided into two parts: an experimental section about the cognitive functioning of individuals in relation to assertiveness and a clinical section about the effect of cognitive and behavioral techniques which would reduce the deficit of assertiveness. In the first part, we studied perceptual, attentional and memory performances according to subjects and stimuli assertiveness. We respectively recorded brain activity by electroencephalography, eyes movements by oculometry and measured subjects’ performances to a social memory task. Our results reveal that social dominance stimuli have a priority treatment (100ms after the presentation of the stimulus) and that we focus on this type of stimuli first and then we avoid them.
In the second part, we analyzed the effect of a new therapeutic technique (Gregarious Positioning exercises or GP) compared to an existing technique (Assertiveness training of Cognitive and Behavioral Therapy or CBT) whose effects on assertive behaviors have already been highlighted. Our results reveal that training with Assertiveness training of CBT or GP exercises lead to an increase in assertive behaviors and a decrease in submissive behaviors, anxiety and depression level.

Key words
assertiveness, submission, dominance, social perception, memory, attention, evoked potentials, oculometry, assertion training, gregarious positioning, anxiety, depression

 

 

Mise à jour : mai 2016 

NOM DU PROJET : TA5 – Réalisation d’une étude de cas clinique : évaluation exploratoire de nouveaux outils cognitifs et comportementaux destinés à traiter les troubles obsessionnels compulsifs (TOC)
R – Psychologie – Psychologie clinique – Troubles obsessionnels compulsifs 

 

1. Objectifs du projet

Au sein de l’Institut de Médecine Environnementale (IME), une modélisation cognitive et comportementale de l’assertivité (ou affirmation de soi) et de ses troubles a été élaborée, le modèle du positionnement grégaire (PG). Pour rappel, le PG correspond à la position sociale que l’individu occupe spontanément au sein de ce groupe et la confiance en soi et en les autres résultantes. L’originalité de ce modèle est de représenter, sur un même continuum, différents niveaux de PG caractérisant à la fois la population générale et des individus atteints de troubles mentaux (comme la dépression, les troubles anxieux, …). Les individus positionnés au centre de ce continuum possèdent une position favorable à l’acquisition d’un comportement assertif (PG neutre) tandis que les personnes positionnées de part et d’autre de ce PG central manquent d’assertivité. Chez certaines de ces personnes, le manque d’assertivité peut être à l’origine de l’apparition d’un trouble de l’assertivité. L’objet du présent projet est d’étudier l’impact du PG d’un individu (et par voie de conséquence de son assertivité) sur sa manière de percevoir, porter attention et mémoriser les informations de son environnement. Il s’agit également de poursuivre l’évaluation de la portée et de la validité du modèle du PG dans d’autres champs d’application (clinique, pédagogie, éducation spécialisée, management, etc.).

L’équipe de l’IME a conçu des exercices thérapeutiques sur la base de la modélisation cognitive et comportementale du PG dans le but de modifier le PG des individus. Ces exercices s’appliquent à tout individu n’ayant pas un PG neutre qui favorise l’acquisition des habiletés sociales (dont l’assertivité). Deux études ont été menées pour tester l’efficacité de ces exercices. Chez des individus présentant des troubles d’anxiété sociale, une diminution de leur anxiété sociale a été observée à la suite de la réalisation quotidienne de ces exercices sur une semaine (Lefrançois, Van Dijk, Bardel, Fradin, & El Massioui, 2011). De même, ces exercices ont été proposés à trois patients souffrant de troubles obsessionnels et compulsifs et ont permis de diminuer significativement leurs symptômes (Lefrançois, Van Dijk, El Massioui, Galmiche, & Fradin, 2013).

Ces deux études exploratoires soulignent l’efficacité des exercices thérapeutiques mis au point à l’IME. L’objet du présent projet est d’étendre les études cliniques précédentes à de plus larges échantillons de la population et de comparer ces exercices aux techniques cognitives et comportementales validées afin d’asseoir l’efficacité de cette nouvelle technique thérapeutique. Cette démarche facilitera la diffusion de cette technique au plus grand nombre par le biais de formations collectives dispensées à l’IME ou de suivis thérapeutiques individuels.

Le second objectif de ce projet est d’étudier les déterminants cognitifs du PG (et par conséquent de l’assertivité) : nous voulons connaître l’influence du PG d’un individu sur la manière de traiter les informations de son environnement. Ainsi, il sera plus aisé de comprendre comment le PG et les troubles qui en résultent, se maintiennent. Ce second volet du projet permettra d’éprouver les hypothèses formulées sur la base de la modélisation du PG et par voie de conséquence, de tester le bien-fondé des techniques de traitement proposées actuellement par l’IME. Indépendamment de la plus-value de cette démarche dans le domaine clinique, l’intérêt est également d’enrichir et de faire évoluer les formations IME en intégrant les résultats de nos études. A travers ce projet en particulier, les personnes qui suivent ces formations pourront être sensibilisées à l’impact du PG sur nos capacités cognitives. Indépendamment de la plus-value de cette démarche dans le domaine clinique, l’intérêt est également d’enrichir et de faire évoluer les formations IME en intégrant les résultats de nos études. À travers ce projet en particulier, les personnes qui suivent ces formations pourront être sensibilisées à l’impact du PG sur nos capacités cognitives.

L’objectif principal du présent projet est donc d’améliorer le traitement des troubles de l’assertivité comme l’anxiété sociale, la dépression,… Pour cela, les acteurs de ce projet vont procéder en deux étapes. Dans un premier temps, ils vont étudier l’impact du manque d’assertivité observé dans ces troubles sur les capacités cognitives (perceptives, attentionnelles et mnésiques) des individus. Cela permettra de mieux comprendre les mécanismes de maintien de ces troubles et d’améliorer leur détection. Dans un second temps, l’efficacité d’une nouvelle technique thérapeutique des troubles de l’assertivité sera testée indépendamment et en complément des techniques cognitives et comportementales actuelles. Cette technique intégrera les résultats de la première étape de ce projet ainsi que les observations cliniques des membres de l’IME.

 

2. État de l’art

L’assertivité est un concept qui a émergé dans les années 50 en Amérique. Dans un premier temps, il a été étudié sous l’angle du comportement assertif. Ce comportement a été initialement défini comme l’expression appropriée de ses émotions autres que l’anxiété envers une autre personne (Wolpe, 1958; Wolpe, 1973). Par la suite, d’autres composantes de ce comportement ont été isolées : la capacité à refuser une requête (Bekker, Croon, van Balkom, & Vermee, 2008; Lazarus, 1973), la capacité à exprimer et à défendre ses droits et son point de vue sans anxiété ni agressivité (Alberti & Emmons, 2008) et enfin la capacité à commencer, continuer ou terminer une conversation (Lazarus, 1973; O’Connor, 1969).

Le comportement assertif requiert donc la possession d’un ensemble de capacités apprises s’exprimant lors d’interactions interpersonnelles. Il constitue à ce titre une habileté sociale plus qu’un trait de personnalité unidimensionnel et stable dans le temps (Galassi & Galassi, 1978). Ainsi, un individu assertif est généralement capable d’apporter des réponses appropriées dans des situations sociales ce qui facilite le développement de relations interpersonnelles satisfaisantes et lui permet d’atteindre ses buts sociaux (Brady, 1984).

Dans un second temps, des composantes cognitives de l’assertivité ont été isolées. Elles comprennent des représentations positives de soi, des autres et des interactions entre soi et les autres (Vagos & Pereira, 2009).

Cependant, tout individu ne possède pas les habiletés sociales et les cognitions caractérisant un individu assertif. Selon certains auteurs qui adoptent une vision dichotomique de l’assertivité (McFall & Lillesand, 1971), un individu est soit assertif soit non-assertif (dans le cas où il n’adopte pas un comportement assertif). Tandis que pour d’autres, l’assertivité se représente sur un continuum (Galassi & Galassi, 1978; Hollandsworth, Galassi, & Gay, 1977; Rich & Schroeder, 1976; Tomaka et al., 1999; Wilson & Gallois, 1993). Selon ces derniers, un individu manquant d’assertivité est plutôt soumis (il ressentirait un sentiment d’infériorité et d’impuissance sociale), passif (il préférerait rester en retrait et laisser intervenir les autres) et anxieux. A l’opposé, un individu possédant un haut niveau d’assertivité est plutôt dominant (c’est à dire qu’il aurait tendance à contrôler et à influencer son environnement interpersonnel) et agressif (il aurait tendance à utiliser des punitions et des menaces pour exercer un pouvoir coercitif ; (Hollandsworth et al., 1977). Toutefois, la conception de l’assertivité comme étant une habileté sociale n’est pas compatible avec cette représentation sur un continuum. La définition de la dominance ne suppose pas que ces individus possèderont plus d’habiletés sociales que les individus soumis et encore moins que les individus assertifs. Un individu dominant aura plutôt tendance à exprimer et à défendre ses droits et son point de vue avec agressivité tandis que l’individu assertif le fera sans anxiété ni agressivité (Alberti & Emmons, 2008). Un individu est donc assertif ou manque d’assertivité et dans ce dernier cas, il sera soit soumis soit dominant.

Dans les modélisations des comportements interpersonnels, ces trois types de comportements sont représentés sur un axe vertical (Guttman, 1954; Horowitz et al., 2006; Kiesler, 1983; Leary, 1957; Moskowitz, 2005; Wiggins, 1982). Les deux pôles de cet axe sont la soumission et la dominance et l’assertivité occupe la position centrale. Dans cette conception, la dimension d’action (c’est-à-dire l’influence d’un individu sur un autre) est représentée sur un continuum et non plus l’assertivité. Malatynska et Knapp (2005) font le parallèle entre les deux pôles de ces modèles et des troubles de l’humeur. Selon eux, la dépression mélancolique (épisode dépressif majeur accompagné d’une perte d’intérêt ou de plaisir pour toutes ou presque toutes les activités ou une absence de réactivité aux stimuli habituellement considérés comme agréables ; (American Psychiatric association (APA), 1996) et les épisodes maniaques (période durant laquelle l’humeur est élevée de façon anormale et persistante) seraient deux pôles opposés d’un même continuum graduel tout comme les comportements de soumission et de dominance. Ainsi, la soumission serait un modèle de dépression tandis que la dominance serait un modèle de manie.

En effet, selon Arrindell et ses collaborateurs (Arrindell et al., 1999; Arrindell et al., 2005) un manque d’habiletés sociales serait observé à la fois dans la population générale et chez des patients souffrant de psychopathologies (comme la dépression). De nombreuses personnes ont des difficultés à demander un renseignement ou de l’aide à un étranger ou encore à refuser une requête déraisonnable d’un ami ou à exprimer du déplaisir dans une situation, sans pour autant développer un trouble mental. De même, Gilbert et Allan (1994) ont mis en évidence, dans la population générale, des comportements de soumission témoignant d’un manque d’assertivité. Par ailleurs, des déficits d’habiletés sociales sont également observés chez des patients schizophrènes (Seo, Ahn, Byun, & Kim, 2007), dépressifs (Thompson & Berenbaum, 2011; Azaïs, Granger, Debray, & Ducroix, 1999; Chan, 1993; Segrin, 2000), ceux souffrant de troubles anxieux (Azaïs et al., 1999; Bekker et al., 2008; Kleiner & Marshall, 1985; Thompson & Berenbaum, 2011) ou encore ceux hospitalisés en psychiatrie de manière générale (Hersen, Eisler, Miller, Johnson, & Pinkston, 1973). Azaïs et ses collaborateurs (Azaïs et al., 1999) caractérisent même ces troubles de l’adaptation sociale, plus précisément la dépression et les troubles anxieux, de troubles de l’assertivité.

Pour traiter ces troubles de l’assertivité, les thérapies cognitives et comportementales (TCC) sont les plus répandues et testées scientifiquement. Elles visent à agir sur les émotions, les cognitions et les comportements qui maintiennent ces troubles. Les thérapeutes formés à cette approche thérapeutique proposeront classiquement, à ces patients, les méthodes suivantes : la relaxation appliquée (du type Jacobson ou Schultz), la restructuration cognitive ou encore l’affirmation de soi (Veale, 2003 ; Rodebaugh et coll., 2004). La méthode d’affirmation de soi est spécifiquement destinée à entrainer le patient à acquérir un comportement assertif (« Assertive Training ») et des compétences sociales (« Social Skills Training » ; Fedoroff et Taylor, 2001). La technique de base de cette méthode est le jeu de rôle (Cottraux, 2004) qui consiste à observer, reproduire et intégrer un comportement assertif selon un apprentissage par imitation d’un modèle (Bandura, 1977). Ainsi, l’individu acquiert des compétences sociales et modifie ses cognitions relatives à la situation abordée lors du jeu de rôle (Mattick et Peters, 1988 ; Newman et coll., 1994 ; Fedoroff et Taylor, 2001). Plusieurs études ont démontré l’efficacité de cette méthode (Lin el al., 2008). Toutefois, certains patients restent résistants à ce type de thérapie. Cela laisse donc la voie ouverte à la recherche de nouvelles techniques thérapeutiques pour améliorer le traitement des troubles de l’assertivité.

Dans cette perspective d’amélioration de la prise en charge de ces troubles, les scientifiques étudient l’impact du manque d’assertivité des sujets et de leurs interlocuteurs sur leurs capacités cognitives. Leur objectif est de comprendre comment ce manque d’assertivité se maintient.

Tout d’abord, la dominance chez autrui est perçue très précocement (dès 40ms) à la fois sur la base d’indices corporelles (posture repliée de soumission ou étalée et droite de dominance) et faciaux (orientation de la tête vers le haut en signe de dominance ou vers le bas pour représenter la soumission (Rule, Adams, Ambady, & Freeman, 2012). Cette perception est associée à la composante N200 isolée par électroencéphalographie (EEG) et l’amplitude de cette composante dépend de l’assertivité des acteurs présentés (l’amplitude est plus grande face à des visages d’acteurs exprimant la dominance sociale et plus faible face à des visages exprimant la soumission ; (Chiao et al., 2008). De plus, elle est fortement influencée par les caractéristiques masculines du stimulus présenté : des visages et des voix masculinisés d’hommes et de femmes sont perçus comme plus dominants que ceux qui sont féminisés (Watkins, Jones, & DeBruine, 2010; Watkins, Quist, Smith, DeBruine, & Jones, 2012). La perception de l’assertivité d’un individu chez autrui est donc liée à sa propre assertivité.

Sa propre assertivité influence également la manière dont un individu va porter attention aux autres. Les individus soumis ont une aversion rapide plus forte face à des visages de colère que d’autres individus hautement anxieux (Terburg, Aarts, & van Honk, 2012). A l’inverse, une vigilance face à des menaces sociales est positivement corrélée à des marqueurs biologiques et psychologiques de la dominance (un trait de colère, un haut niveau de testostérone et la motivation de l’approche ; (Putman, Hermans, & van Honk, 2004; van Honk et al., 1999; van Honk, Tuiten, de Haan, van den Hout, & Stam, 2001; Wirth & Schultheiss, 2007). Des mots relatifs à la dominance sont jugés plus rapidement quand ils sont présentés en haut de l’écran alors que le pattern inverse est observé pour les mots liés à la soumission (Schubert, 2005). De même, les individus dominants répondent plus rapidement quand les indices sont présentés en haut alors que le résultat inverse est obtenu pour les individus soumis (Robinson, Zabelina, Ode, & Moeller, 2008). Ces études témoignent de l’impact avéré de l’assertivité d’un individu sur ses capacités attentionnelles.

Malgré l’effet avéré de l’assertivité sur les capacités perceptives et attentionnelles des individus, les deux recherches étudiant les liens entre l’assertivité et les capacités mnésiques n’ont pas permis d’isoler un effet comparable (Terburg et al., 2012 ; Rule et al., 2012).

L’ensemble de ces recherches, étudiant le lien entre ces trois processus cognitifs et l’assertivité, sont récentes et présentent quelques limites, notamment au niveau de la caractérisation des sujets et du choix des stimuli. Des études complémentaires doivent donc être menées pour poursuivre cette démarche d’amélioration des thérapies des troubles de l’assertivité.

 

3. Aléas, incertitudes scientifiques, verrous technologiques

Bien que les techniques cognitives et comportementales des troubles de l’assertivité se révèlent être efficaces, certains patients demeurent résistants à cette thérapie. L’équipe de l’IME a conçu le présent projet pour améliorer le traitement de ces patients résistants.

Dans cette perspective, elle a pour première ambition de pallier les limites des recherches actuelles qui étudient l’impact de l’assertivité sur les processus cognitifs des individus. Tout d’abord, les études des processus attentionnels n’ont pas permis d’isoler si l’assertivité influence uniquement le traitement de stimuli complexes (i.e. des visages) représentant une menace sociale (visage exprimant la colère) ou si cette influence s’exerce également pour des stimuli moins complexes comme des formes géométriques. De plus, elles n’ont pas précisé l’aversion observée chez les individus soumis : sont-ils aversifs au regard ou au visage dans son ensemble et vont-ils traiter le visage comme un stimulus quelconque et regarder uniquement le bas de ce visage (cf. Robinson et al., 2008) ?

Nous pouvons également nous demander si la perception de l’assertivité d’autrui varie en fonction de sa propre assertivité dans le cas où l’acteur adopte une attitude naturelle et non plus une attitude « exagérée » de dominance ou de soumission (tête exagérément orientée vers le haut ou vers le bas). Dans cette condition, la présentation de ces stimuli plus naturels permet-elle d’observer une différence d’amplitude de l’onde N200 similaire à celle mise en évidence par l’équipe de Chiao (2008) ? De plus, l’amplitude de cette onde dépend-elle de l’assertivité réelle de l’acteur présenté ou de l’assertivité attribuée à cet acteur a posteriori par le sujet ?

Dans les études relatives aux processus attentionnels, perceptifs et mnésiques, l’assertivité des sujets est déduite d’indices indirectes (comme leurs trait de colère et d’anxiété, leur tenue vestimentaire, leur niveau de testostérone) ou uniquement du trait de dominance. Cela ne permet donc pas de distinguer clairement les individus assertifs des individus soumis ni des individus dominants.

La seconde ambition du présent projet est de tester une nouvelle technique cognitive et comportementale des troubles de l’assertivité. Les études menées sur les processus cognitifs et l’assertivité suggèrent que le manque d’assertivité d’un individu a un impact sur les processus d’acquisition et de traitement précoces des informations de son environnement. L’entrainement à l’acquisition d’habiletés sociales ne doit donc pas être suffisant pour modifier le manque d’assertivité profondément ancré chez les patients résistants aux méthodes des TCC. En revanche, la nouvelle technique proposée par l’IME a pour vocation d’agir sur le positionnement grégaire (PG) de l’individu qui serait à l’origine de ce manque d’assertivité (puisque qu’un PG soumis ou dominant ne favoriserait pas l’acquisition d’un comportement assertif). Des résultats sur les patterns cognitifs (notamment perceptifs, attentionnels et mnésiques) des patients pourraient donc être obtenus grâce à cette nouvelle technique, sur le long terme.

 

4. Travaux réalisés, démarche expérimentale

Nos observations cliniques et nos lectures d’articles scientifiques nous ont conduits, dans une première phase à formuler les hypothèses suivantes.

En ce qui concerne les liens entre les capacités cognitives des individus et leur assertivité, nous supposons que l’assertivité a un réel effet sur les capacités perceptives, attentionnelles et mnésiques. Cet effet se situerait à divers niveaux.

Tout d’abord, l’aversion aux indices de menace sociale observée chez les individus soumis (Terburg et al., 2012) se traduirait plus précisément par une aversion aux regards des individus dominants et ceux exprimant la colère (émotion associée à la dominance ; (Hess, Adams, & Kleck, 2005). Cela les conduirait à porter leur attention sur le bas du visage de ces individus (au dessous des yeux). A l’inverse, la vigilance face à des menaces sociales observée chez des individus plutôt dominants (Putman et al., 2004; van Honk, et al., 2001; van Honk et al., 1999; Wirth & Schultheiss, 2007) se traduirait chez ces individus par une fixation plus longue (en comparaison aux individus soumis) des regards et du haut du visage (au dessus des yeux) des stimuli de dominance et de ceux exprimant la colère. Les patterns précédents observés chez les individus soumis et dominants seraient obtenus pour les indices de menace sociale mais pas pour des stimuli moins complexes comme des formes géométriques. En revanche, une différence dans les stratégies d’exploration des stimuli présentés à l’écran serait observée en fonction de l’assertivité du sujet et ceci quelque soit la nature de ces stimuli (stimuli complexes ou pas). Comme le suggèrent les études de 2 équipes (Robinson et al., 2008 ; Schubert, 2005), les individus dominants commenceront par porter leur attention aux stimuli présentés en haut de l’écran tandis que ce sera en bas pour les soumis.

Comme pour le processus attentionnel, l’assertivité des individus influencerait leur perception de l’assertivité chez autrui, et ceci que leur interlocuteur adopte une attitude exagérée (tête orientée vers le haut ou vers le bas) témoignant de leur assertivité ou pas (orientation naturelle de la tête). L’attribution de l’assertivité à autrui dépendrait de sa propre assertivité et non pas de l’assertivité réelle de l’individu. Par exemple, si nous représentons le positionnement grégaire (PG) sur un continuum allant de -5 à +5 et que les valeurs négatives sont attribuées aux individus soumis et les positives aux dominants, des individus hautement soumis (associés au niveau -3, par exemple) caractériseraient des individus faiblement soumis (niveau -1) de dominants même si ces derniers sont soumis « dans l’absolu ». De même des individus soumis pourraient attribués un PG dominant à des individus assertifs (de PG égal ou très proche de 0). Nous posons donc l’hypothèse que la perception de l’assertivité chez autrui est relative à la propre assertivité du sujet. De plus, nous supposons que la perception de cette assertivité chez autrui (que son attitude soit naturelle ou exagérée) se traduit au niveau de l’amplitude de la composante N200 isolée par EEG : si les individus indiquent a posteriori que la personne présentée est dominante, la perception du visage de cette personne sera associée à une onde N200 d’amplitude plus grande que s’ils l’avaient catégorisé comme soumise.

Les études menées sur les processus perceptifs et attentionnels laissent supposer que l’assertivité aurait un impact sur les capacités mnésiques même si cela n’a pas encore été démontré (Terburg et al., 2012 ; Rule et al., 2012). L’équipe de l’IME a conçu trois questionnaires évaluant précisément les comportements de soumission, de dominance et d’assertivité. Grâce à ces outils de caractérisation plus fins que ceux utilisés dans les études précédentes, nous supposons que nous allons mettre en évidence un effet de l’assertivité sur la mémoire : les stimuli relatifs à la dominance sociale seront mémorisés en priorité quelque soit l’assertivité du sujet.

Selon nos hypothèses, l’effet de l’assertivité sur les processus cognitifs est exclusivement observé lorsque le sujet est placé face à une menace sociale, comme cela est simulé dans les études précédentes.

En ce qui concerne l’efficacité de la nouvelle technique thérapeutique élaborée à l’IME, les résultats des deux études exploratoires (Lefrançois, Van Dijk, Bardel, Fradin, & El Massioui,2011 ; Lefrançois et al, en préparation) suggèrent qu’elle permet de diminuer les symptômes des troubles de l’assertivité. De plus, les techniques de TCC seraient complémentaires de cette nouvelle technique car leurs mécanismes d’actions différeraient : les TCC sont plutôt orientées vers l’acquisition d’un comportement assertif tandis que la technique développée à l’IME modifierait le positionnement grégaire (PG) des individus. Nous supposons que ce PG influence l’acquisition naturelle des habiletés sociales et que sa modification dans le but d’atteindre un PG central (égal ou très proche de 0) facilite cette acquisition. Ainsi, la technique de modification du PG diminuerait durablement les symptômes des troubles de l’assertivité et cet effet serait supérieur dans le cas où cette technique serait couplée à celles des TCC.

Pour tester ces hypothèses, nous avons conçu un protocole de recherche en trois étapes. Dans un premier temps, les sujets sont caractérisés de manière précise en fonction de leur assertivité. Cette étape de caractérisation nous permet de constituer 3 groupes : un groupe composé d’individus soumis, un deuxième d’individus assertifs et un troisième d’individus dominants.

Dans un deuxième temps, ces trois groupes sont subdivisés en deux pour réaliser soit une tâche de mémoire sociale soit une tâche de jugement. La tâche de mémoire sociale est inspirée de celle de l’équipe de Terburg (2012) à laquelle nous avons ajouté des conditions faisant intervenir des stimuli différents de ceux utilisés par ces auteurs. Elle nous permet de tester les capacités attentionnelles et mnésiques en fonction des stimuli présentés et de l’assertivité des sujets.

Pendant la tâche de jugement, les sujets sont équipés d’un dispositif d’oculométrie et d’un casque EEG pour étudier leurs capacités perceptives et attentionnelles ainsi que l’activité cérébrale associée, face à des visages exprimant la dominance, la soumission, la neutralité (attitude ni soumise ni dominante) ou une attitude naturelle (attitude naturellement adoptée par l’acteur photographié). Pendant les enregistrements de l’activité électrique cérébrale et des mouvements des yeux sur l’écran, les sujets ont pour consigne de déterminer le sexe des stimuli présentés. Cette partie du protocole est une réplication de l’étude de Chiao et al. (2008), à l’exception que nous introduisons trois nouvelles variables : l’assertivité des participants et des acteurs photographiés ainsi que les stimuli traduisant une expression naturelle.

La dernière étape de ce protocole prévoit de comparer l’efficacité de la technique de modification du PG de l’IME à celle des techniques de TCC mais également à la combinaison de ces deux types de techniques. Pour cette étape, seuls les sujets soumis seront retenus et divisés en deux groupes. Le premier groupe bénéficiera de dix séances de thérapie selon la technique de modification du PG puis dix autres selon les techniques de TCC. Le second groupe bénéficiera de ces deux techniques dans un ordre inversé. L’évolution des symptômes des sujets sera évaluée après que la première technique soit dispensée ainsi qu’après que le suivi selon la seconde technique soit fini. Une évaluation six mois après les deux suivis sera également effectuée pour mesurer leurs effets sur le moyen terme.

Pour mener à bien cette recherche, nous allons concevoir une base de données comprenant des visages exprimant quatre émotions (la joie, la peur, la colère, la neutralité/aucune émotion) et adoptant trois attitudes (la soumission, la dominance et le naturel). Les expérimentateurs feront en sorte que les acteurs photographiés adoptent les expressions non-verbales caractérisant ces émotions (Ekman et Friesen, 2003) et ces attitudes (Mignault & Chaudhuri, 2003; Chiao et al., 2008; Terburg et al., 2012), telles qu’elles sont décrites dans la littérature. Ces acteurs seront également caractérisés car nos hypothèses portent à la fois sur l’assertivité des participants et sur l’assertivité des acteurs photographiés (stimuli). Or les bases de données existantes ne nous permettent pas de contrôler l’assertivité des acteurs photographiés.

Vingt personnes (10 hommes et 10 femmes), qui ne participeront pas à l’étude, contribueront à la sélection des stimuli les plus représentatifs de la dimension exprimée sur les visages. Trois clichés par condition (émotion exprimée ou attitude adoptée) et par sujet photographié leur seront présentés simultanément sur un écran d’ordinateur et elles devront choisir l’image qui exprime le mieux, selon elles, l’émotion ou l’attitude étudiée. Les stimuli sélectionnés seront utilisés pour les deux tâches cognitives.

En 2013, nous avons soumis le présent projet de recherche au Comité de Protection des Personnes (CPP) d’Ile de France 1, à l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et à la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL). Nous avons reçu un avis favorable de ces trois organismes.

Nous avons ainsi pu réaliser la première étape de notre protocole de recherche : 150 participants ont été recrutés et caractérisés.  Notre recherche étant qualifiée de biomédicale par le CPP, un examen médical a été pratiqué sur chacun de ces participants avant qu’il intègre le protocole.

En parallèle, 160 personnes (sur les 192 requises pour les besoins du présent protocole) ont été photographiées pour constituer la base de données de visages. A ce jour, seulement un tiers de ces photographies a été testée par vingt personnes indépendantes à l’étude.

Pour le présent projet, les sujets « tout-venants » sont recrutés via la liste de diffusion du RISC (Relais d’information sur les sciences de la cognition) et le quotidien Libération. Pour étudier les capacités attentionnelles des sujets, ils seront équipés d’un dispositif d’oculométrie Tobii de 24 pouces. De plus, pour mesurer leur activité cérébrale pendant qu’ils traitent les stimuli présentés, les sujets porteront un casque EEG G.tec à 16 voies. L’IME ne disposant pas de ces deux dispositifs, nous avons sollicité le laboratoire auquel la doctorante en charge de ce projet est rattachée. Il s’agit du laboratoire CHArt (Cognitions Humaine et Artificielle, EA 4004). Une partie de la présente recherche sera donc menée dans ce laboratoire et l’expérimentatrice utilisera son matériel.

Les analyses statistiques sur les données recueillies seront réalisées à l’aide du logiciel Statistica.

 

5. Acquisition des connaissances

Les études menées dans le cadre de ce projet feront l’objet d’articles scientifiques afin de communiquer nos résultats à la communauté scientifique. Ces études répondront à des problématiques actuellement posées par cette communauté. D’une part, elles permettront de mieux comprendre l’effet de l’assertivité sur les processus cognitifs des individus et leur activité cérébrale résultante. D’autre part, elles proposeront une autre technique thérapeutique des troubles de l’assertivité que nous supposons efficace et cette efficacité pourra également être testée par d’autres équipes dans le monde.

Par ailleurs, la base de données de visages pourra être utilisée dans les protocoles de recherche futurs. Outre cette utilisation à des fins de recherche, nous envisageons d’autres utilisations opérationnelles telles que leur intégration à des applications (questionnaires, supports pédagogiques destinés aux professionnels, e-learning, etc.) diffusées par le pôle Conseil de l’IME et ses clients.

 

6. Ressources humaines
Nom Fonction dans le projet Nb total d’heures/jours affectées au projet
Farid El Massioui Superviseur 60 Heures
Jacques Fradin Direction de recherche 58 Heures
Riadh Lebib Chargée de projet 87 Heures
Aurélie Van Dijk Chargée du projet 1656 Heures

 

 

7. Références bibliographiques

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