L’influence sociale en question
L’assertivité
L’assertivité est communément admise comme la capacité à agir et interagir sans anxiété exagérée et sans dénier les droits des autres (Alberti & Emmons, 2008). Dans ce cadre, les troubles de l’assertivité sont généralement associés à un manque de confiance ou à un excès de confiance en soi, se traduisant respectivement par des comportements inhibés, anxieux, ou par des comportements destinés à déstabiliser l’interlocuteur, allant éventuellement jusqu’à user de violence verbale et physique.
Un point de vue phylogénétique
Certains auteurs entrevoient le fait que les troubles de l’assertivité puissent être sous-tendus par des comportements de type dominance-soumission par rapport aux autres membres du groupe (Birchwood et al., 2002). Selon cette interprétation, ces mécanismes seraient liés, d’un point de vue phylogénétique, au maintien d’une hiérarchie sociale primitive (Trower & Gilbert, 1989 ; Kumaran et al., 2012). Le caractère primitif de ce type de hiérarchie indique que celle-ci exclut les notions de valeur et de méritocratie, et suggère le rôle de structures neuronales phylogénétiquement anciennes comme l’amygdale. Ce mode d’organisation sociale aurait essentiellement permis de limiter les combats intra-groupes, de façon à concentrer les actions des individus sur la préservation du groupe (recherche de nourriture, défense vis-à-vis des menaces extérieures, reproduction, etc.).
Des neurosciences à la psychiatrie
La dynamique de ces comportements est particulièrement admise et étudiée dans le domaine de la neuropsychologie animale. Elle est en revanche moins explorée dans le domaine de la psychologie clinique et de la psychiatrie. Pourtant, elle semble être en lien avec de nombreux troubles tels que l’anxiété sociale, la phobie sociale, les personnalités antisociales, l’agressivité offensive, la violence « gratuite », le rapport de force, voire avec des affections plus inattendues telles que les Troubles Obsessionnels Compulsifs ou certains Troubles du Comportement Alimentaire.
La notion de grégarité implique non seulement la confiance en soi mais également celle en autrui. Ainsi, des comportements liés à l’excès ou au défaut de confiance en l’autre rendent compte de processus similaires (régulation dans le temps et l’espace) à ceux observables dans la dominance et la soumission. De nombreux troubles psychologiques (paranoïaques et mystiques, cliniques et infra-cliniques) trouvent intérêt à être étudiés à la lumière de ces concepts.
Camille Lefrançois-Coutant, chercheure en psychologie cognitive au Laboratoire Psychologie & Neurosciences de l’IME, étudie ces concepts dans les domaines de la psychologie et de la psychiatrie. Elle évalue notamment la capacité de traitement de nouveaux exercices de type TCC destinés à réguler ces comportements, notamment sur des populations cliniques ou infra-cliniques.
Elisabetta Monfardini, chercheure associée en neuropsychologie du Laboratoire Psychologie & Neurosciences de l’IME, étudie l’influence sociale, notamment dans le champ de la neuropédagogie, à la lumière de ces phénomènes. Ses travaux portent sur l’humain et sur le singe.